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ILE
CATBA
L'île de Cat Bà, entourée d'une constellation
d'îlots, a tout d'un petit paradis: des plages magnifiques,
un grand parc naturel, un village de pêcheurs flottant,
etc. Mais ces merveilles sont desservies par un développement
architectural décevant.
Il y a une dizaine d'années encore, le port de Cat Bà
ressemblait à un gros village composé de huttes
de pêcheurs le long d'un chemin de fer face à la
mer. Et il y a encore deux ans, l'accès à l'électricité
était loin d'être généralisé
et même continu. Mais le tourisme est passé par là.
Cat Bà, désormais très bien reliée
à Hai Phong par voie maritime, accueille désormais
328.000 visiteurs par an dont 118.000 étrangers. En seulement
quinze ans, les revenus touristiques de Cat Bà sont passés
de zéro à plus de 80 milliards de dôngs. Mais
malgré tout ce qu'il apporte aux habitants, cet accès
brutal de l'île à la modernité n'est pas sans
inconvénients. Ainsi, le port de Cat Bà a été
architecturalement
ravagé : les rochers ont été rabotés
à coups de dynamite et des hôtels en béton
ont poussé comme des champignons.
Autant la demi-heure de bateau qui précède l'arrivée
à Cat Bà est enchanteresse, autant les cinq dernières
minutes du trajet sont très décevantes. Face au
contraste entre le charmant village de pêcheurs sur l'eau
et le port qui lui fait face, le voyageur regrette de ne pas être
venu vingt ans plus tôt ; d'autant plus qu'à peine
arrivé, il est assailli d'employés d'hôtels
qui le suivent jusqu'à ce qu'il soit entré dans
l'un d'eux.
Des lieux uniques
L'île et surtout son parc naturel de 14.000 hectares (dont
4.200 de surface maritime) n'en sont pas moins des lieux extraordinaires.
Créé en 1986, c'est le plus ancien des parcs naturels
du pays, et son objectif premier était de faire sortir
l'île du marasme économique en mettant en valeur
ses richesses naturelles.
À
préserver
On peut faire des randonnées d'une journée ou monter
en haut du Kim Giao d'où la vue est inoubliable. Les pics
de calcaires recouverts de forêts tropicales se déploient
à perte de vue et les jeux de lumière et de profondeur
plongent évoquent une magnifique estampe chinoise.
Le village flottant de pêcheurs est aussi un lieu unique.
Le voyageur qui le traverse en bateau est partagé entre
d'une part l'émerveillement devant les dizaines de maisons
flottantes et colorées qui s'étendent dans la baie
et, de l'autre, la stupeur face à la petite taille des
maisons dans lesquelles semblent vivre des familles entières
aux conditions de vie précaires.
Cat Bà regorge encore d'autres merveilles et l'on comprend
aisément pourquoi cet endroit unique, qui abrite 2.320
espèces végétales et animales dont certaines
très rares, a été classé par l'UNESCO
réserve mondiale de la biosphère.
Mais si le parc naturel permet bien sur de préserver une
partie de ces merveilles, les développements alentours
lui font perdre de sa valeur. Espérons donc que cette reconnaissance
permettra aux habitants de comprendre que le développement
anarchique des constructions touristiques, s'il est profitable
économiquement à court terme, n'en détruit
pas moins à une vitesse impressionnante tout ce qui se
trouve sur son passage et ne peut que nuire à long terme
au tourisme lui-même.
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